Une exceptionnelle stabilité
La vallée du Nil est unifiée sous l'autorité d'un roi unique, le pharaon, vers l'an 3100 avant JC, peut-être même vers l'an 3300 avant JC si l'on en croit l'archéologue Günter Dreyer, qui a fouillé en 1998 le site d'Abydos, en Haute -Égypte, entre Louqsor et Assiout, et découvert des poteries décorées d'hiéroglyphes archaïques.
On estime que la vallée est alors peuplée d'environ 1,5 à 5 millions d'habitants, ce qui est beaucoup au regard des techniques disponibles (aujourd'hui, le pays compte environ 70 millions d'habitants).
Protégée par son isolement, entre le désert et la mer, l'Égypte des pharaons perdure comme État indépendant pendant 25 siècles, en cultivant peu ou prônent les mêmes coutumes, les mêmes croyances et la même langue. Aucun autre État n'a encore réussi semblable performance !
La fertilité de la vallée du Nil assure à l'Égypte une relative prospérité, du moins pendant les périodes de stabilité politique.
Dans le delta du Nil, encore en grande partie sauvage, les Égyptiens pratiquent la chasse et la pêche. Ils récoltent aussi le papyrus, un roseau avec les fibres duquel ils fabriquent des feuilles souples qui leur servent de support d'écriture. C'est l'ancêtre du papier (le mot papier vient d'ailleurs de papyrus).
La prospérité générale profite à la minorité privilégiée (fonctionnaires, clergé, entourage du pharaon). Elle conduit aussi au développement d'une civilisation aimable dont les fresques des tombeaux royaux ne nous donnent qu'une imparfaite image. Excellents jardiniers et observateurs de la Nature, les Égyptiens sont à l'origine de notre calendrier solaire. Ils développent aussi une médecine et une chirurgie remarquables. Leurs praticiens se montrent habiles dans la trépanation du cerveau comme dans les opérations de l'oeil.
La paysannerie est essentiellement composée de paysans libres. L'esclavage, au moins dans les premiers temps, semble limité aux exploitations minières du Sinaï où travaillent des captifs de guerre. Cette situation sociale va toutefois se dégrader au cours du dernier millénaire avant JC, du fait des troubles et de l'influence des Grecs, moins regardants sur l'esclavage.
Les femmes elles-mêmes semblent bénéficier d'un statut honorable dans la société pharaonique. Ainsi sont-elles généralement représentées au côté de leur époux (haut fonctionnaire ou pharaon), à la même taille que celui-ci